Une visiteuse nocturne qui débarque à Champagnole.

[ Cette intervention hrp pour vous mettre dans le bon plat car on a fait une avancée dans le temps. Suite à la rupture entre Sirius et Bella, Bella est partie et rentrée de voyage de Provence, elle a décidé de repasser vite fait en FC pour revoir ses amis avant de refaire de la politique pour se changer les idées, elle est à Vesoul, Cartil l'a croisée en taverne et puis voilà, il l'a invitée chez lui comme elle a nul part où dormir... Bonne lecture !]


Le soleil s'était décliné et le crépuscule pointait à l'horizon quand une silhouette frêle chevauchant fièrement sur son destrier de robe noire scintillante se dessina progressivement sur les chemins boueux du Castel, encerclé par une légère brume. On aurait pu la confondre avec un homme , son aisance à chevaucher se voyait à vue d'oeil, mais c'est grâce à sa souplesse et son élégance sur l'étalon, que nul doute se faisait. C'était une Dame perchée sur ce dernier.
Chevelure brune aux reflets cuivrés soigneusement attachée à l'aide d'un ruban en soie , cape en velours sombre claquant au gré du vent, bottes en cuir montantes jusqu'aux braies en laine de cette mystérieuse Demoiselle, chemise en soie blanche cachée par une étoffe, bustier minutieusement brodé.
Voilà l'allure de la... Bourguignonne. Et oui, plus elle avançait, plus on reconnaissait ses traits, cette mine, ses iris bleus profonds.

Par gentillesse, le maitre des Lieux avait eu la bonté de bien vouloir l'héberger une nuit ou deux. La Dame de Granges n'ayant plus de toit à Vesoul et le Comte se résignant à voir son amie coucher à l'auberge du coin.
Après une longue réflexion autour de quelques chopines en taverne, elle avait accepté de venir siéger dans ces lieux pour profiter de la chaleur environnante de ce Château. La jeune femme ne le connaissait guère, n'ayant pas la chance de l'avoir visité, mais sachant l'amabilité de Cartil, ce domaine ne pouvait être autrement.

Le Pont-levis se distingua dans le regard assombri par l'obscurité de la Dame, la machine s'abaissa doucement mais sûrement et la Bourguignonne frappa ses talons dans les flans de sa monture qui partit à vive allure et se déplaça jusqu'à la Cour intérieure où elle fut stoppée.
La Cavalière sauta à terre et ses pupilles balayèrent les alentours, la curiosité grandissante petit à petit en elle. Immédiatement, un palefrenier se rua en sa direction et s'occupa de sa monture tout en saluant la visiteuse d'un signe de tête respectueux. Cartil avait dû le prévenir de cette visite nocturne, comme il avait dû prévenir les gardes pour que le Pont-Levis s'affale...

A pas sûrs et mesurés, elle déambula dans la Cour et gravit les quelques marches en pierre pour atterrir devant une gigantesque et imposante porte sculptée à la main... Quel talent ce menuisier pensa t-elle intérieurement avant de cogner trois coups sec sur le bois. Instinctivement, sa main blanche passa rapidement dans ses cheveux pour se donner de la constance, et tapota ses habits soyeux avant de reporter son attention droit devant elle, épaules dégagées, attendant qu'on lui ouvre.

Un pas en avant, puis un autre glissement et voilà sa gracile silhouette parvenue à pénétrer au sein du Château, plus précisément, dans le hall où ses yeux se réjouissaient à contempler l'espace. L'intérieur du Castel se révéla encore plus surprenant et éclatant qu'elle n'aurait pu l'imaginer dans ses songes. Le rez-de-chaussée était clair, ouvert, immense. A l'arrière, une façade avait été entièrement remplacée par des vitres, et, au-delà des cèdres et autres gigantesques arbres, la pelouse nue s'étendait jusqu'à la rivière. Un balcon surplombait l'entrée, permettant ainsi à un quelconque individu ( sûrement le maître des lieux) de pouvoir se glisser par derrière pour estomper sa curiosité passagère. Les parois, les hauts plafonds à poutres apparentes, les planchers et les tapis moelleux couvraient toute la palette de blancs, rouges et bleus, rappelant ainsi les couleurs du Domaine de Champagnole.

Subitement, son regard bleuâtre embrassa le Blason des Riddermark, armoiries qu'elle aurait souhaitées éphémères. Ce geste lui déclencha un pincement au cœur et une boule se forma dans sa gorge sèche. Aussitôt, elle regretta cette observation et bascula ses iris vers les tapisseries qui jonchaient les murs blafards. Malheureusement pour elle, sa blessure n'était pas encore cicatrisée et la souffrance ne l'avait point libérée de son emprise. Il fallait juste qu'elle attende... Un jour, espérait-elle, elle l'oublierait et rencontrerait un autre gentilhomme. Il y a une chose plus triste à perdre que la vie, c'est la raison de vivre, et la Dame de Granges ne voulait point perdre ceci. Elle, qui en était dotée jadis et qui rayonnait d'allégresse, comment avait-elle pu se laisser choir dans cette dépression ? Non, cela ne lui ressemblait pas. Ce n'était pas elle, et elle détestait l'être qu'elle était devenu à cause d'un Vicomte ayant trop d'ambitions.

Agacée mais point annihilée, elle fulmina intérieurement avant que les domestiques s'affairent à lui retirer son manteau et sa cape en laine. Par politesse, La jeune femme inclina la tête pour les remercier et arpenta de tout son long le Hall pour atteindre le salon, dans l'attente du Comte. Arrivée à destination, un laquais l'invita à se loger dans un fauteuil à l'allure chaleureuse et confortable de teinte sombre, intermédiaire entre le roux et le noir. Ce dernier était placé devant une immense cheminée en pierres blanches où jaillissaient des multitudes de flammes couleurs vives. La Dame savoura cet instant de bien être. Cela faisait tellement longtemps... Un bruit de pas brisa ses rêveries et une voix de ténor se répercuta dans toute l'étendue. Instinctivement, elle se hissa sur ses souliers pour saluer comme il se doit son ami qui avait eu la gentillesse de l'accueillir pour la nuit.

Cartil ! Sache que ce sentiment est partagé et que c'est une joie de pouvoir séjourner une nuit dans ton château qui ne manque pas de charmes. J'ai pu savourer avec plaisir ta décoration, et je félicite celui ou celle qui t'a aidé pour orner tous ces murs.

Un sourire naquit sur son visage moins blafard qu'auparavant à cause des éclaircissements de la Provence qu'elle avait appréciés.

Mon voyage s'est en effet très bien déroulé malgré quelques péripéties que j'ai dû endurer pendant le retour. J'ai perdu mon suzerain et ma filleule, et dû retourner toute seule en Bourgogne puisqu'il était impossible de les retrouver dans toutes ces contrées presque inconnues pour moi. Sinon, les Provençaux ont été très charmants envers moi et j'ai pu profiter de la plage et de la mer que je n'avais encore jamais vu.
Concernant ma traversée en direction de ton domaine, je n'ai eu aucune difficulté à le trouver même si j'ai dû demander une ou deux fois la direction à un paysan.

Et toi ? Qu'as-tu à ma raconter depuis tout ce temps ? Ta bien-aimée va-t-elle toujours aussi bien ? Zyanya aussi ? Je suis tellement impatiente de tout connaitre !

Un rire cristallin accompagna ses dires, tout en regardant fixement Cartil. Apparemment, la joie émanant du Comte l'avait également assaillie pour son plus grand plaisir.

( Désolée du retard mais problèmes HRP...)